La Philatélie sur toutes ses coutures (volet 2/2)

La philatélie est une passion pour les collectionneurs et les amateurs d'art qui consiste à collectionner et à étudier les timbres postaux et les objets postaux. La philatélie se concentre principalement sur les timbres postaux, mais elle peut également inclure des cartes postales, des lettres, des enveloppes et des documents connexes. Les collectionneurs peuvent rechercher des timbres anciens ou modernes, des timbres rares ou des timbres spéciaux, des timbres émis par des pays spécifiques...

Histoire de Timbres
16. Feb 2023
590 vues
La Philatélie sur toutes ses coutures (volet 2/2)

Marcophilie et préphilatélie

La philatélie et la marcophilie sont liées, car elles recouvrent toutes deux l'histoire postale. La marcophilie, ou étude des marques postales, se concentre sur les marques antérieures à l'invention du timbre (préphilatélie) et sur les marques postales actuelles. Les collectionneurs peuvent s'intéresser aux marques manuscrites du XVIIe siècle, aux marques de port dû et de port payé, aux marques de déboursé, aux marques de petite poste et d'entrée aux frontières, aux griffes linéaires de bureaux, etc. Les marcophiles modernes recherchent également les flammes d'oblitération, les cachets manuels, les cachets de la poste militaire, etc. Bien que le timbre-poste ne soit pas assuré de rester un instrument de paiement postal, la pratique des messages écrits ne disparaîtra jamais et continuera à recevoir des marques postales. Ainsi, la marcophilie classique et la marcophilie du futur se rejoindront.

Les collections thématiques

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les collections thématiques se sont beaucoup répandues. Elles se basent uniquement sur le dessin du timbre ou de l'oblitération, indépendamment de son pays et de sa date d'émission. Ces thèmes peuvent être soit figuratifs (« cheval », « champignons », « voiliers », etc.), soit abstraits (« histoire de l'unité européenne », « assassinat en histoire », « temps et sa mesure », « gastronomie », etc.). Pour les recréer, tous les documents postaux (timbres, lettres, oblitérations) peuvent être utilisés, se rapportant de manière directe ou allusive au thème choisi. Réaliser une collection thématique est très difficile car elle exige une érudition approfondie et beaucoup de travail personnel. Aucun modèle ne peut être appliqué, car c'est une activité passionnante qui requiert l'utilisation de toutes les ressources de la bibliothèque et de l'esprit pour créer un plan original et équilibré. Une telle collection est souvent difficile à revendre, car elle ne trouve son charme que dans la recherche et non pas dans la possession.

Pourquoi des philatélistes ?

Une activité qui rassemble plus d'un demi-million de personnes en France seulement incite à s'interroger sur cette passion : pourquoi collectionne-t-on ? Selon E. Locard, le culte du beau, la culture, le placement, l'orgueil, le goût de la « chasse » et du classement sont des raisons possibles. Pour les psychanalystes, la philatélie serait le reflet d'une névrose obsessionnelle, une activité sans fin car une collection ne peut jamais être complète. Cette activité semble plus commune chez les hommes que chez les femmes, et pourrait être liée à la prédominance supposée du cerveau droit chez les hommes, plus adapté aux activités mathématiques, spatio-temporelles et de classement. Qu'il soit un jeu ou un passe-temps, cette activité peut passionner des gens de tous milieux, comme l'empereur Napoléon III, le roi d'Angleterre George V, Franklin Roosevelt, ou encore le plus grand collectionneur de tous les temps, le comte Ferrari de La Renotière. En 1928, l'Académie de philatélie a été fondée pour regrouper quarante membres titulaires parmi les philatélistes les plus compétents, et des membres correspondants français et étrangers.

La philatélie dans le monde


Une étude menée par un institut de sondage a révélé que 580 000 personnes en France se considèrent comme des « philatélistes », tandis que plus de six millions ont été « collectionneurs de timbres » à un moment donné de leur vie. Les chiffres du fichier d'un bon organisateur de ventes sur offres à Paris, qui compte entre 15 000 et 20 000 collectionneurs, montrent qu'il existe des cercles concentriques de collectionneurs, depuis ceux qui découpent simplement les timbres de leur courrier jusqu'à ceux pour lesquels la philatélie est une affaire de culture et de passion. On peut en déduire que, dans les pays développés, environ 1 p. 100 de la population collectionne activement les timbres, ce qui représente trois millions de personnes en Europe et entre cinq et huit millions de personnes dans le monde entier. La libération économique et sociale en Chine s'est accompagnée d'un grand engouement pour la philatélie, ce qui démontre les liens entre ce hobby et le niveau de développement. Il est possible que les pays les moins développés découvrent à leur tour la philatélie, et leur passé colonial, à mesure que leur niveau de vie s'améliore. Les collections et les collectionneurs sont-ils différents d'un pays à l'autre ? Pas vraiment. Si les Américains s'intéressent par exemple davantage aux variétés modernes qu'à l'histoire postale, ces différences sont minimes et l'ambiance d'un club ou d'une exposition est identique dans les pays occidentaux qui ont contribué à l'invention du timbre et qui sont les plus développés.

Philatélie et placement

La philatélie est très différente des autres formes d'investissement dans l'art. Des catalogues sont disponibles pour calculer la valeur marchande d'un timbre ou d'une collection, et cette valeur est appelée « cote ». Elle est souvent réduite de 30 à 60%. Le marché est actif et comprend de nombreux négociants et collectionneurs. Une centaine de ventes aux enchères ou sur offres ont lieu chaque année en France. De plus, le timbre est facilement négociable à travers le monde et peut être acheté et vendu en toute discrétion. La collection de timbres peut être constituée de pièces moyennes et achetée de manière fractionnée. Une étude sur l'investissement financier des timbres par rapport aux autres formes d'investissement a montré que sur une période de 30 à 40 ans, les timbres sont probablement l'un des meilleurs placements possibles. Par exemple, les timbres classiques de France, oblitérés, se sont appréciés de soixante-dix fois en francs constants entre 1904 et 1978. Pendant cette même période, le revenu personnel a été multiplié par cinq. Ainsi, la croissance des prix des timbres, oblitérés ou neufs, est largement supérieure à celle du revenu moyen. Seuls les timbres et quelques autres objets d'art voient leur prix en équivalent salarial augmenter à long terme. À court terme, les aspects spéculatifs sont plus prédominants.

Philatélie et spéculation

La spéculation sur les timbres neufs s'est produite en France pendant la période de l'Occupation. Les personnes achetaient directement les timbres à la poste ou en faisaient l'acquisition sur le marché pour créer une pénurie. La demande étant alors plus forte que l'offre, le timbre s'est imposé comme un placement idéal pour blanchir des sommes obtenues frauduleusement. Toutefois, la grande quantité de timbres émis et leur utilisation très limitée ont provoqué une surabondance. On considère généralement que les timbres ont cessé d'être spéculatifs au bout de 20 ans après leur émission, et leur cours n'a alors plus évolué que selon les critères de rareté.

Art et philatélie

La diffusion croissante des arts se reflète dans tous les aspects de notre environnement, y compris dans la philatélie. Certains pays ou certaines époques ont produit des vignettes très laides (le sommet étant sans doute atteint par les timbres pour colis postaux d'Algérie de 1899 à 1939). Cependant, le timbre a toujours été reconnu comme un symbole national important destiné à voyager à l'étranger. De grands artistes tels que Koloman Moser, du groupe Sécession en Autriche, et Alfons Mucha, connu pour ses affiches « Art-Déco » en Tchécoslovaquie, ont dessiné des timbres qui reflètent leur style et leur patriotisme. La France, après avoir utilisé la Marianne de Cocteau en 1961, a encouragé la « création philatélique » en confiant un ou deux timbres par an à des artistes contemporains (Trémois, Agam, Alechinsky, Messagier, Folon, Dewasne...). Outre les simples reproductions d'œuvres d'art qui se sont répandues dans le monde entier et qui forment un « musée imaginaire » considérable et populaire, les timbres contribuent de manière significative au patrimoine artistique original du XXe siècle.

Philatélie et politique

Le Timbre a toujours été un symbole de la Nation et du pouvoir politique, et il a même pu servir d'outil de propagande. En France, la IIe République a choisi Cérès, qui symbolisait à la fois les moissons et la liberté, mais l'apparition de l'effigie du prince président en 1852 annonçait déjà l'évolution rapide vers l'Empire. La IIIe République, avec le type Sage, a choisi un symbole neutre, « la paix et le commerce régnant sur le monde ». Au début du XXe siècle, l'élégante « Semeuse » de Roty s'opposait clairement à la « Germania » armée de l'Empire allemand. Ces efforts de propagande n'ont jamais cessé, et ils sont encore visibles de nos jours à travers les timbres qui reflètent les grandes campagnes contre la faim, la drogue, l'analphabétisme, etc.

Le marché philatélique est considérable, ce qui a poussé les gouvernements à assurer des rentrées régulières de nouveautés à faible coût. C'est pourquoi des « points philatéliques », des musées postaux (dont un à Paris et une dizaine en province) et des expositions nationales et internationales ont été créés. La philatélie contribue également à la dynamique de la vie associative, avec ses milliers de sociétés et de clubs philatéliques, dont deux tiers sont fédérés sur le plan national.

Les nouveaux produits postaux

L'évolution de l'économie et des techniques a conduit à une nouvelle image de la poste (qui a déjà perdu son privilège de monopole national dans plusieurs pays) ainsi que des produits qu'elle offre.

Les timbres courants sont généralement autocollants et vendus en carnets. En 1998, à l'occasion de la Coupe du monde de football, la poste a émis un timbre circulaire qui évoquait un ballon. C'était la première fois qu'un tel format était utilisé dans l'Europe. La crise financière des années 1970 a conduit de nombreux pays à émettre des timbres sans valeur imprimée ayant une validité illimitée pour les lettres de moins de 20 grammes. Ainsi, le timbre n'a plus de valeur monétaire et ressemble plus à un bon pour un service, comme un ticket de métro. Par ailleurs, les beaux timbres illustrés sont toujours émis pour séduire les collectionneurs. Certains pays se spécialisent même dans l'émission de timbres, uniquement dans un but commercial, en misant sur l'attrait du public pour certaines thématiques. Le plus grand exemple de cette pratique a été atteint en 1997 par l'émission d'une série de neuf timbres consacrés au chat du président Clinton par la République centrafricaine. Évidemment, ces timbres n'ont aucune valeur philatélique.

Le courrier international est souvent acheminé, non plus individuellement, mais en « gros », par des transporteurs qui le livrent à des centres de tri près des lieux d'arrivée (Bruxelles, Amsterdam ont été les premiers de ces centres). Par ce système qui bénéficie légalement de certaines faiblesses de la réglementation internationale de 1876, le coût du transport est notablement abaissé, au détriment bien sûr de la rapidité !

Inversement, les plis importants sont de plus en plus souvent confiés à des transporteurs privés (FedEx, D.H.L., U.P.S., etc.) qui assurent une livraison rapide à des tarifs dix fois supérieurs à celui d'un affranchissement normal « par avion » ou « prioritaire ».

Les services de la poste elle-même émettent en distributeurs automatiques ou aux guichets des vignettes autocollantes que l'on peut programmer pour correspondre exactement au montant de l'affranchissement. Elles sont peu collectionnées, bien que tout les assimile à des timbres. Dans certains pays étrangers, le style de certaines vignettes des services de poste est suffisamment recherché pour que la confusion avec de vrais timbres soit possible.

Enfin, depuis le début des années 1990, la poste multiplie les offres de « prêts à poster » (P.A.P.). Analogues aux « entiers postaux » classiques, ils s'en distinguent par une très grande variété de présentation ou d'emploi. Il s'agit de cartes postales ou d'enveloppes, préaffranchies par des vignettes imprimées sans désignation de valeur et donc à validité illimitée. On distingue des enveloppes simples, ou illustrées « bonne année » ou « joyeux anniversaire », ou encore des enveloppes-réponses contenant une carte illustrée et une grande carte-lettre elle aussi préaffranchie pour la réponse. Il existe aussi des enveloppes illustrées « régionales » qui reprennent comme motif des timbres déjà émis, des enveloppes pour courrier de 100 ou de 500 grammes, des cartes que l'expéditeur peut illustrer lui-même, des enveloppes, imperméables et indéchirables, pour les documents importants, des emballages préaffranchis internationaux différents selon la destination, etc. Tous ces produits prêts à poster sont vendus à un prix bien supérieur à celui du simple affranchissement.

Dans tous les cas énumérés ici, il s'agit d'acheminer du courrier accompagné de marques postales au moyen d'une contrepartie financière. Même si la philatélie doit s'adapter à ces nouvelles conditions, sa nature même ne changera pas.

L'avenir de la philatélie

La philatélie, comme beaucoup d'activités qui peuvent provoquer une collection d'art, apparaît soumise actuellement à des influences socio-économiques complexes et contradictoires que nous présenterons brièvement.

De la mort programmée du courrier ?

À la fin du XXe siècle, le courrier reçu par un particulier n'était affranchi que pour un quart par des timbres. Les autres lettres étaient affranchies mécaniquement ou portaient l'indication « payé » ou « compte avec la poste ». C'était le cas du courrier d'entreprise ou administratif. Quant au courrier privé, il était souvent affranchi par des timbres « courants », comme « Marianne ». La lettre « classique » est-elle en train de disparaître ? Avec le téléphone, le fax et le courrier électronique, la lettre familiale ou d'affaires, écrite avec soin et affranchie, est de moins en moins utilisée. Les boîtes aux lettres deviennent essentiellement des réceptacles pour la publicité et, parfois, pour des lettres des administrations fiscales affranchies informatiquement. Les sociologues regrettent la disparition du lien écrit, réfléchi et signifiant, que ce soit la lettre intime ou le message littéraire. Un cérémonial social entourait l'envoi de lettres, notamment le choix de l'enveloppe et de l'emplacement du timbre, qui pouvait avoir une signification secrète. Ce moment important de la vie quotidienne est largement évoqué par la littérature, la peinture et le cinéma.

Le fax, dont la confidentialité est tellement difficile à préserver, et le courrier électronique (e-mail) ne se prêtent ni aux rituels sociaux, ni au respect de l'orthographe, ni surtout à la sauvegarde du message. Et pourtant, le courrier personnel professionnel est toujours indispensable, et sa masse même ne fait qu'augmenter. L'utilisation du timbre, néanmoins, diminue du fait de nouvelles techniques de transport ou d'affranchissement.

La population des collectionneurs « classiques »

Le monde des collectionneurs de timbres est relativement stable, avec environ 10 000 clients réguliers des ventes, 20 000 visiteurs du Salon philatélique d'automne et 80 000 membres des sociétés philatéliques réunies au sein d'une fédération nationale. Il est composé à 90 % d’hommes et tend à vieillir. Les jeunes s'intéressent toujours à la philatélie, mais les pressions professionnelles et les nombreux loisirs disponibles éloignent les adultes. Toutefois, certaines personnes âgées, à la retraite ou pré-retraite, peuvent retrouver leur intérêt pour cette activité calme. De plus, l'élévation du niveau d'études et le goût de l'histoire sont des facteurs qui favorisent le développement de l'histoire postale et la collection de lettres et documents. D'autre part, la collection thématique, qui se base sur des associations d'idées, donne l'opportunité à chacun de constituer une « somme » personnelle sur n'importe quel sujet.

Le poids de la crise économique

La crise économique a bien sûr un impact sur le marché de l'art, y compris sur la philatélie. Cependant, elle ne peut masquer une augmentation continue du niveau de vie des Français, qui est passé de cinq à huit fois depuis le début du XXe siècle. Pendant les diverses tempêtes économiques qui ont agité le siècle, le timbre est resté une bonne valeur refuge, qui a dépassé largement l'inflation : de 1900 à 1980, sa valeur a augmenté de quatre-vingts fois en francs constants, mais aussi de vingt à quarante fois en termes de salaires. Cela montre l'intérêt du collectionnisme à long terme. Dans le même temps, le prix des timbres petits et moyens a baissé récemment, que ce soit à cause de la fin d'une période de spéculation ou des conséquences inattendues d'une hausse du niveau de vie. Les collectionneurs moyens ont aujourd'hui accès à des informations et à des possibilités financières qui n'étaient pas accessibles aux grands bourgeois en 1900. Ils privilégient donc les grosses pièces, plus rares, dont la demande est toujours aussi forte. La mode est actuellement à la période classique (avant 1900), sous deux formes : timbres neufs très rares, et lettres et histoire postale. Quel que soit l'avenir des correspondances, on peut prédire que les lettres de la première émission et les plis envoyés par ballon monté (guerre de 1870-1871) conserveront toujours leur valeur.

Commentaires

Aucun commentaire n'a été ajouté sur cet article

Ajouter un nouveau commentaire

Vous devez être connecté pour ajouter un nouveau commentaire. Log in
PHP, HTML, CSS
Dernièrement commenté
Bonsoir Article très intéressant (y) bonne continuation
Les Timbres des états Allemand...
Les Chromos Tintin sont belles et une sacré série â collecti...
Les Tintinophiles et le chèque...
superbe article très complet, merci pour ce document riche e...
La Philatélie sur toutes ses c...